À Kairouan, le ver n’est plus dans le fruit. Cette ville au passé glorieux semble-être sur le point de renouer avec la gloire des temps passés. D’ailleurs, après un long trébuchement, les travaux de construction de l’hôpital universitaire Roi Salman viennent de démarrer.
Dans la même optique, après sa dernière visite inopinée à Kairouan, le Président Kaïs Saïed a confié les travaux de restauration des bassins des Aghlabides et de leur environnement immédiat à l’ingénierie militaire après avoir limogé la déléguée régionale du patrimoine Souhir Ben Karouia.
Le Chef de l’État a mis en cause la lenteur des études, entamées depuis 2017, ainsi que le retard du démarrage des travaux, considérant cela comme un gaspillage de fonds publics.
Selon l’Institut national du patrimoine (INP), outre l’aménagement des bassins des Aghlabides qui se trouvent dans un état lamentable depuis des années, le projet comprend également la restauration de la Grande Mosquée Okba Ibn Nafaâ, avec un don saoudien de l’ordre de 15 millions de dollars, dédié à l’appui au patrimoine national.
D’après la même source, les travaux de restauration et la mise en valeur des bassins des Aghlabides de Kairouan et de leur environnement immédiat contribueront non seulement à la conservation des monuments hydriques mais aussi à une mise à niveau de cet espace de 13 hectares pour qu’il soit plus accueillant pour les familles vu que la ville manque d’espaces de loisirs, de parcs et d’espaces verts.
Les signes avant-coureurs d’un bel avenir
D’ici la fin de 2026, les bassins des Aghlabides seront donc dotés d’un grand parc urbain pour les familles et d’un grand jardin adaptés aux spécificités architecturales et historiques des monuments.
Le coût global du projet de restauration des bassins des Aghlabides et de la mosquée Okba Ibn Nafaâ, ainsi que de leur environnement immédiat se situe aux alentours de 40 millions de dinars tunisiens, selon le directeur général de l’Institut national du patrimoine (INP), Tarek Baccouche.
Force est de constater qu’un fâcheux incident a eu lieu il y a quelque temps lorsqu’un pan du mur frontal du rempart de la Médina de Kairouan s’est écroulé, ce qui a fortement marqué la population, semant ainsi le doute. Le caractère assez spectaculaire et douloureux ainsi que le manque d’explication sur les conditions dans lesquelles avait eu lieu cet écroulement fatal font encore planer le doute sur la détermination des responsables locaux à mener comme il se doit les projets prévus.
Du socioculturel pour une meilleure gouvernance locale
En d’autres termes, à Kairouan l’on fait face à une situation qui ne devrait pas seulement porter sur une reconstruction physique, mais aussi humaine et institutionnelle, de confiance en ses capacités d’intervenir efficacement en toute sécurité dès que le besoin se fait sentir.
Les projets qui viennent de démarrer après une longue léthargie semblent être les signes avant-coureurs d’un avenir radieux pour cette ville au passé glorieux. Une ville où l’on n’a fait que trop buter, ces dernières décennies, sur des murs et où l’on s’est fourvoyé dans des impasses réelles, trop réelles.
Dans «la ville sainte» et ses délégations, les mausolées se comptent par dizaines et les hôpitaux, déjà peu fonctionnels, sur les doigts d’une seule main. D’ailleurs, l’on se rappelle tous comment un invisible virus (Covid-19) a rendu visibles les tragédies.
À Kairouan, les populations écumantes de colère ont toujours cru que le fond de l’air était jaune chez eux. Pour ces populations qui tentaient de comprendre ce qui leur arrivait, mais qui se trouvaient privées des moyens d’y parvenir, cette région de près de 650 mille habitants était toujours la victime d’une politique des promesses non tenues. Loin de planter des banderilles dans l’échine des gouvernements successifs depuis 2011, Kairouan, cette région longtemps marginalisée, a continué à être le point noir du développement régional. Ces Tunisiens mal nantis ont également raison de se révolter contre une pauvreté extrême (29,3%), un taux de chômage de près de 20%, un analphabétisme élevé (35%), un abandon scolaire qui intrigue et inquiète (33,89%), suicides et viols à répétition, une justice boiteuse et l’absence de toute activité culturelle (mis à part le Printemps des arts organisé une fois par an).
Aujourd’hui qu’il y a une vraie volonté politique pour améliorer la condition de cette ville et entamer sa métamorphose, les Kairouanais n’ont qu’à mettre le cœur à l’ouvrage pour ainsi rompre avec la paresse, l’inertie et tout autre comportement qui infléchit plus qu’il n’enrichit.